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Interview d’Alexis Vandevivère, Directeur du développement des ressources et de la communication de la Fondation pour la recherche médicale

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Alexis Vandevivère, directeur du développement des ressources et de la communication de la Fondation pour la recherche médicale

Alexis Vandevivère, ancien directeur fondateur du bureau parisien de l’agence Adfinitas, nouvellement directeur du développement des ressources et de la communication de la Fondation pour la recherche médicale

Alors qu’il signe un retour aux sources – car il n’a jamais vraiment quitté le secteur associatif –, nous avons demandé à Alexis Vandevivère de revenir sur son parcours et de nous livrer son rapport d’étonnement trois mois après sa prise de poste à la Fondation pour la Recherche Médicale. Une trajectoire professionnelle, passée pour « presque » moitié en association (13 ans) et en agence (16 ans), au cours de laquelle il est beaucoup de question de chance saisie et de liberté.

1. Quel est votre parcours professionnel ?

En tant que donateur, mon papa lisait le magazine Amnesty international, ce qui a développé, je crois, ma sensibilité au secteur associatif assez tôt. Rapidement au lycée, j’ai milité contre la peine de mort en animant des débats. J’ai suivi des études de Marketing et communication dans l’espoir de concilier vie professionnelle et engagement associatif. Après un premier stage, j’ai travaillé pour AIDES en tant qu’objecteur de conscience, puis salarié. Après un bref passage au Secours catholique où je ne me suis pas plu, j’ai rejoint les Petits frères des pauvres pour m’occuper de la collecte de fonds. Une organisation dans laquelle j’ai adoré travailler. À cette époque, je suis devenu administrateur du Don en confiance et de France générosité. Puis, Daniel Bruneau m’a proposé de prendre la direction de la collecte de fonds de l’APF, une proposition qui ne se refuse pas, encore moins à 30 ans !

Au bout de 6 années couronnées de beaux résultats, je me suis interrogé sur la suite. « Est-ce que j’allais enchaîner les associations toute ma vie ? Qu’est-ce que je pouvais faire d’intéressant et qui ait du sens ? » J’ai eu beaucoup de chance et j’ai saisi la perche que m’a tendue Adfinitas, une agence lilloise, jusque-là plutôt spécialisée dans le conseil aux ONG internationales, notamment d’origine américaine, qui souhaitait ouvrir un bureau parisien. Je n’avais jamais travaillé en entreprise, ni été confronté à la problématique de rentabilité… J’ai démarré tout seul à Paris et l’histoire a duré 16 ans. Après avoir gagné Action contre la faim, tout est allé très vite. J’ai embauché, l’agence s’est développée et je suis devenu associé.

En 2022, j’ai profité du changement d’actionnaire majoritaire pour partir. D’une part, j’avais le sentiment d’avoir rempli largement ma mission. D’autre part, un grave souci de santé de mon épouse m’avait un peu coupé les jambes. Si bien que j’ai fait une pause de 9 mois, avec la ferme volonté de retourner dans l’associatif. Compte tenu de notre épreuve familiale, j’ai vu le poste à la Fondation pour la recherche médicale (FRM) comme un signe.

2. Ce choix a-t-il étonné votre entourage professionnel ?

En réalité, c’est le passage en agence qui a le plus étonné. J’ai d’ailleurs toujours dit que je retournerais dans le monde associatif. Mais à l’époque, ce choix de l’agence a fait douter. En quelque sorte, je rejoignais le côté sombre de la force. Cela a suscité une sorte de méfiance au début. Adfinitas avait été séduit, justement, car j’avais le verbatim pour parler aux acteurs associatifs.
La liberté est sans conteste la valeur clé qui a toujours guidé mon parcours. On ne me retient pas avec des promesses d’argent ou de pouvoir. Alors que je doutais d’y arriver, les dirigeants d’Adfinitas m’avaient assuré de leur confiance et s’étaient engagés à respecter mon individualité et mon style associatif. C’est ce qui m’avait convaincu. À mon sens, c’est assez imparable : quand on écoute son instinct, quand on suit son envie, on se trompe peu. Passer de dirigeant d’agence à directeur en association n’est pas une question d’argent ou de pouvoir, mais de joie et de plaisir.

Je dirais que le choc est plus dur maintenant car je me suis habitué à la liberté du dirigeant. J’avais monté une équipe de toute pièce, sans doute formatée à mon image… Aujourd’hui, je retrouve une organisation installée, assez institutionnelle, avec toute la complexité liée au statut de fondation. Toutefois, j’ai été rassuré par la fondation, plutôt heureuse de mon côté « poil à gratter », qui m’encourage à conserver mon regard neuf, le goût du challenge découvert en agence et surtout, ma liberté de ton pour proposer des choses nouvelles.

« Donc oui, il y a un peu de contrainte mais je renoue avec mes premiers amours. Et pour le moment, la FRM est contente du petit vent de liberté que j’insuffle à l’organisation. »

3. Quels sont vos conseils pour réussir une telle transition ?

Depuis ma prise de fonction, je m’évertue à ne pas rentrer dans le moule. Je dois prendre un peu sur moi car je pourrais être tenté de me faire discret… La liberté est une promesse forte de la part de la fondation, presque un petit risque pour une institution française aussi respectée. Ceci dit, si le grand public a une vision plutôt classique de la FRM, du côté des chercheurs, c’est la modernité qui l’emporte. C’est là tout l’enjeu en termes d’image, il me semble. L’équipe aussi est heureuse de cette liberté de ton gagnée en agence. Le fait que quelqu’un la porte et la diffuse apporte vivacité et dynamisme dans un écosystème où habituellement les gens s’affranchissent difficilement d’un style « statutaire ».

Tout oppose la vie en agence et celle en association mais les deux expériences sont très complémentaires. Une association est éminemment politique tandis que l’agence est dans le registre de l’efficacité. Forcément, les apports se font dans les deux sens. L’agence, c’est la culture de « la solution à tout », de la créativité et de la performance. En revanche, l’agence a tendance à sauter d’une cause à une autre alors qu’en association, nous allons au fond de la mission sociale, des statuts… De ce côté-ci, nous avons vraiment la vision de notre impact, par exemple, lorsque nous soutenons un projet de recherche. Je suis formateur au Don en confiance et j’ai l’habitude de dire : « une association ne se crée pas pour collecter mais pour remplir une mission sociale. L’argent vient après. »

« Aujourd’hui, j’essaie de mettre en musique le meilleur des deux cultures.
Ma capacité à analyser la mission de la fondation, à gérer le bon discours et à naviguer au sein de la gouvernance ; et ma faculté à faire bon usage de ma liberté, à créer en permanence et à sortir des frontières. »

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