Suite à la présentation de la première étude de rémunération du fundraising conduite en partenariat entre l’Association Française des fundraisers et YourVoice, Luc Meuret, fondateur de YourVoice s’est prêté à une interview en trois questions pour nous présenter un peu plus cette étude…
1. Quelle méthodologie avez-vous adoptée pour effectuer cette étude sur les rémunérations dans le fundraising ?
L’AFF a envoyé au mois d’avril un questionnaire à l’ensemble de ses adhérents et elle a reçu un peu moins de 500 réponses. Nous en avons conservé 360 car nous souhaitions étudier les rémunérations des fundraisers en CDI qui travaillent au sein d’organisations collectrices (associations, fondations ou organismes publics) en excluant les freelances et les employés des agences de conseil en fundraising que nous analyserons dans un autre rapport ultérieurement.
Le panel des personnes qui ont participé à notre étude est composé à 80% de femmes basées pour les deux-tiers d’entre elles en Ile-de-France. 33% d’entre elles sont récemment entrées dans la vie active et 34% sont en milieu de carrière (35 à 45 ans). Un quart des réponses étudiées provient des métiers de direction et nous avons aussi constaté une prédominance de fundraisers issus de l’action sociale et humanitaire. 92% des répondants ont, au minimum, un master, 30% sont passés par une business school, 29% ont suivi une formation en communication ou en marketing et 23% ont un diplôme en sciences humaines ou politiques.
Les données que nous avons récolté avant l’été et que nous avons analysé jusqu’au mois d’octobre nous ont permis de constater une grande hétérogénéité des réponses. Souvent, les études sur les rémunérations sont segmentées en fonction de l’ancienneté au même poste et de la taille des structures. La dispersion des salaires dans le fundraising ne nous a pas permis de suivre ce modèle.
Nous avons, en conséquence, publié plusieurs tableaux pour sept métiers différents (directeur du développement des ressources, responsable Grands Dos, chargé de mécénat, responsable mécénat, responsable legs, chargé de marketing relationnel, responsable de marketing relationnel) et dans cinq secteurs distincts (action social & humanitaire, hébergement social et éducation ; activités culturelles ; défense des droits et défense environnementale ; enseignement supérieur, formation et recherche ; santé). Nous avons également fait un classement pour l’Ile-de-France et un autre pour les régions.
Nous avons approfondi l’analyse pour chacun de ces métiers pris indépendamment, et avons noté que les rémunérations pouvaient être sensibles par rapport à l’expérience, la taille de l’organisation ou à la taille de l’équipe managée. Nous avons également regardé ce qui se passait outre-Manche.
2. Quels conseils donneriez-vous aux fundraisers qui souhaiteraient accroître leurs rémunérations ?
La moitié des fundraisers qui ont répondu au questionnaire affirme avoir été augmenté l’année dernière.
Pour faire évoluer sa rémunération, quatre options principales existent : faire grandir le niveau de la collecte, prendre davantage de responsabilités managériales, changer de structure car les équipes de fundraising sont souvent petites et offrent peu de possibilités d’évolution, ou encore changer de secteur.
Si les salaires ne sont globalement pas très éloignés les uns des autres entre agences et organisations collectrices, à partir d’un certain niveau de direction, exercer en agence peut aussi être une manière d’augmenter sa rémunération.
Les nouveaux entrants dans les structures sont, par ailleurs, souvent mieux payés que les salariés qui sont là depuis longtemps ce qui peut poser des problèmes. 25% des répondants à notre enquête reconnaissent également avoir des rémunérations variables et même si la majorité de ces émoluments sont des rémunérations collectives et non pas individuelles, cela est peut-être une voie pour les organisations employeuses pour fidéliser leurs fundraisers, évidemment dans le respect déontologique propre au métier.
3. Pourquoi votre cabinet s’est-il intéressé au secteur du fundraising ?
J’ai personnellement un grand attachement à la famille du fundraising car j’ai moi-même pratiqué ce métier il y a une vingtaine d’années pour l’association Aide et Action. J’ai également découvert ce secteur en participant au Séminaire annuel de l’AFF du mois de juin et à l’International Fundraising Congress qui se tient à Amsterdam. Depuis la création de notre cabinet en 2009, nous sommes partenaires de l’AFF. Nous avons participé à leur tout premier référentiel métier établi en 2011 et nous sommes leur partenaire conseils carrière sur leurs événements en 2023.
Tous les ans, nous recrutons, par ailleurs, des fundraisers pour des acteurs majeurs de l’intérêt général et nous intervenons, bien évidemment, sur toutes les questions liées à leurs rémunérations. Les métiers du fundraising sont l’interface entre l’ingénierie sociale et le monde économique et le principe fondateur de notre cabinet suit la même philosophie puisque nous créons des passerelles entre ce monde marchand et la sphère publique.