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SANTÉ

« Territoires de santé : redonner le pouvoir aux acteurs ! »

Edito

SANITAIRE / MEDICOSOCIAL

Le 1er et 2 février derniers, professionnels, experts et institutionnels du sanitaire et du médicosocial se retrouvaient pour les traditionnelles Rencontres de la santé de Nice, dont 2024 marquait la 9e édition. Porté par son fondateur Didier Haas, la mission première de cet évènement était de créer des ponts entre le Québec et la France sur les sujets hospitaliers. Dix ans plus tard, les Rencontres restent toujours un temps d’échange majeur pour les acteurs publics et privés.

L’absence d’un ministre de la Santé, nommé six jours plus tard (Catherine Vautrin portait alors les sujets de la santé dans un poste plus large), entourait l’évènement d’un contexte inédit. Le 8 février, le Premier ministre nommait Frédéric Valletoux – ancien président de la Fédération hospitalière de France – ministre délégué chargé de la Prévention et de la Santé. Il fût alors étonnant de découvrir que M. Valletoux exerce ses fonctions ministérielles dans le cadre d’une délégation, auprès d’un autre ministre.

L’actualité nous le rappelle régulièrement, la décentralisation progressive de la santé a atteint ses limites ; la démultiplication des échelons et des acteurs a rendu cette organisation lourde et complexe. L’imbroglio de l’administration française laisse pantois quant à une possible évolution constructive. Se pose alors la question de savoir comment nous pouvons repenser un système de santé qui puisse s’adapter aux différents échelons territoriaux, nécessaires au déploiement des politiques et à la connaissance des besoins des bénéficiaires et acteurs. Le salue du système de santé pourrait venir de deux notions qui apparaissent tels des possibles viables : la responsabilité populationnelle et le One Health.

Née au Québec, la responsabilité populationnelle consiste à faire travailler l’ensemble des acteurs d’un bassin de vie dans un triple objectif : une meilleure santé, une meilleure prise en charge, à un meilleur coût pour construire un nouveau modèle basé sur le maintien en bonne santé. Cette démarche s’organise en cinq étapes : le choix de la population, l’évaluation de leur niveau de risque ou la gravité de leur pathologie, la définition d’un programme clinique adapté, le recensement des acteurs locaux et la mise en œuvre du programme et l’intégration des patients jusqu’au suivi avec des indicateurs d’évaluation. Après une expérimentation, conduite en 2018 dans cinq territoires, ce principe a été inscrit dans la loi relative à l’organisation et à la transformation du système de santé qui dispose que « l’ensemble des acteurs de santé d’un territoire est responsable de l’amélioration de la santé de la population de ce territoire ainsi que de la prise en charge optimale des patients de ce territoire. »

L’ambition du One Health est de prendre en compte l’ensemble des impacts sanitaires humains, vétérinaires et environnementaux dans la conception des politiques de santé. Le changement climatique, le monde animal, l’activité humaine sont autant de facteurs impactant la santé humaine et favorisant l’apparition et la diffusion de maladies (60% des maladies humaines infectieuses ont une origine animale). Face à ce constat indéniable, chaque territoire devient un échelon géographique pertinent dans lequel la place de chaque acteur, notamment les élus locaux et collectivités territoriales, doit être réévaluée pour répondre aux objectifs de santé.

Floréal Peix, Directeur général d’Elior Santé, rappelait à ce titre que « l’approche « One Health » permettra d’agir sur le climat, d’améliorer les conditions humaines, de lutter contre l’épuisement des réserves naturelles. Avec un objectif commun, déployer une politique de prévention à tous les niveaux, vitale quand on sait que 70% des maladies sont liées à des facteurs extérieurs. Tout cela dans une coordination de soins et de parcours qui devra prendre en compte les besoins du secteur médico-social. »

Ces neuvièmes et sans doute dernières rencontres de Nice ont démontré la grande proximité conceptuelle des femmes et des hommes de bonne volonté dès lors qu’ils se penchent sur le système et qu’ils se montrent lucides et même un peu innovants : mais le docteur Lorenzo Macieria, président de la CPTS de La Celle Saint Cloud a fait l’unanimité et soulevé l’enthousiasme quand il a décrit par le menu ce qu’il est possible de faire quand les solutions sont simples, reflètent pleinement l’engagement des professionnels et s’avèrent idéalement adaptées au territoire !

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