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Interview de Caroline Dulauroy, Directrice générale déléguée en charge des programmes chez Article 1

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Caroline Dulauroy, Directrice générale déléguée en charge des programmes de l’association Article 1

Caroline Dulauroy, ancienne directrice Stratégie, pilotage et écoute client chez EDF, aujourd’hui directrice générale déléguée en charge des programmes de l’association Article 1.

Quitter une voie toute tracée et le giron d’un fleuron français. Écouter son cœur et combler un besoin d’utilité pour changer la donne. C’est le parcours inspirant de Caroline Dulauroy que nous avons interrogée 6 mois après son grand saut dans l’ESS, une nouvelle étape savamment préparée.

1. Quel est votre parcours professionnel ?

J’ai suivi un parcours assez classique et mené l’essentiel de ma carrière au sein d’EDF à des fonctions marketing et commerciales. L’avantage des grands groupes est d’offrir des possibilités d’évolution et de carrière assez variées. Cela permet de vivre plusieurs vies au sein d’une même entreprise mais, au fond, dans un même cadre rassurant.

Lorsque j’ai pris la décision de changer de cap, je considérais que j’avais accompli des choses passionnantes, dans un univers que j’aimais beaucoup, avec un niveau de responsabilités satisfaisant. Pourtant, je ne voyais pas très bien quelle serait l’étape suivante.

« Est-ce que je reste dans ce sillon tout tracé ou bien, est-ce que je m’oriente vers autre chose, vers une autre partie de carrière dans un environnement différent ? »

2. Ce choix a-t-il étonné votre entourage professionnel ?

Mon choix a étonné, oui et non. Certes, il n’est pas fréquent qu’un dirigeant d’EDF quitte le groupe. En revanche, mon entourage proche, y compris professionnel, connaissait mes aspirations et les sujets qui me tiennent à cœur, comme la transition écologique.

En réalité, j’ai procédé par étape, avec une première parenthèse en 2018, l’occasion d’un premier contact avec l’ESS qui m’avait énormément plu, ainsi qu’une incursion dans le domaine de l’égalité des chances auprès d’une association de mentoring de lycéens. Dès lors, j’avais touché du doigt que je pouvais faire autre chose.

Je suis revenue à EDF car on me proposait un poste passionnant. Peut-être n’était-ce pas encore le bon moment pour moi… Pendant 4 ans, j’ai mûri mon projet. Aussi, quand j’ai annoncé que je quittais EDF pour me mettre en recherche d’un projet à impact auquel je pourrais apporter ma contribution, cela n’a pas suscité trop d’étonnement de la part de mes proches. De mon côté, j’ai abordé cette période sereinement car j’avais conscience du besoin de compétences important de l’ESS. Puis, j’ai eu la chance de rencontrer Luc Meuret du cabinet YourVoice et, bien sûr, Benjamin Blavier et Boris Walbaum, les présidents fondateurs d’Article 1.

3. Quel est votre rapport d’étonnement après 6 mois ?

J’avais en tête l’écart entre un grand groupe et une organisation de l’ESS en termes de contexte de travail, d’ambiance et de méthode. Cela s’est vérifié. Ceci dit, je suis contente d’avoir rejoint Article 1, qui connaît une phase de très forte croissance depuis 3 ans. Au quotidien, je constate un engagement collectif et une envie de faire avancer les choses très porteurs. Par ailleurs, bien que les sujets soient différents, les problématiques sont similaires, notamment la réflexion marketing à avoir ou le besoin de structuration.

« De fait, je mobilise mes expériences et compétences passées
au profit d’une thématique nouvelle. »

Évidemment, c’est un changement de vie et je dois me débarrasser de certains modes de fonctionnement. Parfois, l’environnement de travail me rappelle à l’ordre ! A contrario, ces réflexes peuvent aider à structurer les choses. J’apprends aussi beaucoup sur le monde associatif, à commencer par la problématique de financement. Et je n’ai pas fini d’apprendre !

4. Quels sont vos conseils pour réussir une telle transition ?

J’avais préparé les choses en amont. Avant de quitter EDF, pendant 9 mois, j’ai rencontré des acteurs de l’ESS pour tester mon projet et identifier les sujets avec lesquels j’avais le plus d’accroche, tant en termes de profil que de centre d’intérêt. J’avais en tête que je ne trouverais peut-être pas du premier coup. Finalement, tout s’est fait très vite.

Un point important à anticiper pour ne pas tomber dans une forme d’impasse concerne l’aspect financier. J’ai pu bifurquer car je suis dans une situation confortable et je suis à un stade de ma vie où mes enfants sont grands, avec moins de choses à payer… Le changement n’est pas négligeable, à tel point qu’en général, c’est la 2ème question qu’on me posait.

5. Au sein d’Article 1, vous contribuez à l’ODD n°4 des Nations Unies pour l’accès à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité et l’apprentissage tout au long de la vie. Ressentez-vous votre impact au quotidien ?

Fondamentalement, ce nouveau virage répond à un besoin profond d’utilité sociale et sociétale. Mon but était d’atteindre une position avec le moins de dissonance possible entre mes convictions et mon quotidien. Déjà au sein d’EDF, je travaillais pour un acteur engagé sur le volet environnemental.

« J’ai l’impression de reprendre la main sur l’impact que je peux avoir
et ce que je peux apporter. Mon action est moins diluée dans une structure imposante, moins dépendante d’un contexte politique et réglementaire. »

Quand on commence à réfléchir à la façon de rendre notre monde meilleur, on arrive rapidement sur les sujets d’éducation et d’égalité des possibles. Concrètement, nous pouvons agir auprès d’un réservoir précieux de jeunes, pour les aider à trouver et réussir le parcours scolaire qui leur ressemble. Et peut-être demain, contribuer à la transition écologique, pour faire le lien avec ce sujet qui m’est cher. Même si mon action est indirecte – car je suis à un poste de management, ce n’est donc pas moi qui côtoie ces jeunes au quotidien –, je contribue à améliorer leurs chances et potentiellement, leur impact futur. C’est exactement ce que je recherchais.

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