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« Première ordonnance : une réforme en profondeur de l’avenue de Ségur s’impose »: 10 experts interpellent les ministres sociaux

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« Première ordonnance : une réforme en profondeur de l’avenue de Ségur s’impose »: 10 experts interpellent les ministres sociaux

Contribution

Monsieur le ministre de la Santé et de la prévention,

Monsieur le ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées,

Madame la ministre chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé,

Vos nominations ont recueilli des appréciations élogieuses, au regard de vos parcours, de vos compétences et de vos engagements. Vous allez, dans les semaines et les mois qui viennent, mettre en œuvre les réformes du système de santé, de l’autonomie et de l’inclusion.

Le système de santé, motif de fierté de notre pays au début de ce siècle, est bien qu’il ait fait la preuve de sa résilience lors de la pandémie, souffre. Il est déficient aux yeux d’un grand nombre de nos concitoyens. Deux sujets dominent :

Les déserts médicaux, appellation quelque peu fourre-tout mais qui traduit une réelle difficulté d’accès à l’expertise médicale qui peut conduire à des défauts de soins ;

La pression de l’hôpital public, mais aussi sur tous les établissements, dont la traduction la plus péjorative aujourd’hui est l’absence d’attractivité et la pénurie de compétences.

Malgré les Cassandres et les « Yaka » (traduisez : toujours plus de moyens), les remèdes sont connues. Ils ont été notamment énoncés par le président de la République lui-même dans son discours du 24 septembre 2018, titré « Ma Santé 2022 ». Pour rappel, citons pèle mêle la priorité à la prévention, l’évolution des métiers et la transversalité des prises en charge, la prise en compte de l’expertise des patients, la primauté à l’innovation et à la recherche. Et pourtant, peu de choses ont réellement progressé, le Covid jouant un effet d’accélérateur des problématiques malgré la déferlante pécuniaire du Ségur.

Un jacobinisme tatillon

S’il faut y voir la puissante résistance aux changements des corporatismes, l’envahissante normalisation et bureaucratisation, la concurrence statutaire stérile entre public, privé et non lucratif, il y a une évidence dont vous, ministres chargés de la Santé et des Solidarités, devez vous saisir : votre ministère, vos services, ne sont pas capables de mener  une vraie et efficace réforme.

Fer de lance d’un jacobinisme tatillon, à l’opposé du nécessaire régulateur agile qu’il devrait être, le ministère n’a pas été réformé sérieusement depuis près de trente ans. Constituée de Directions comme autant de silos, l’administration Centrale est faible dans les arbitrages interministériels, concurrencée par la foultitude d’Autorités, de Commissions et d’Agences qu’elle ne régule pas, et se révèle castratrice vis-à-vis des ARS, malades à leur tour de la contagion bureaucratique.

Une réforme en profondeur de « Ségur » s’impose.

Trois mois pour revoir l’organisation

Ce devrait être la mission prioritaire de vos plus proches collaborateurs, directeurs de cabinet, ainsi que du nouveau secrétaire général que vous venez de nommer; appuyés par un groupe réduit d’experts, dénués d’intérêts personnels potentiels et surtout représentatif de l’ensemble du système, à l’exception de  l’administration elle-même ou des corps d’inspection : des acteurs de terrain institutionnels et libéraux, des industriels, des établissements, des patients, des territoires, des start-ups, à qi vous confierez une feuille de route simple : proposer en trois mois une organisation pour un ministère efficace, fluide et agile.

Ce ne sera pas une condition suffisante pour réussir la transformation de notre système de santé et médicosocial mais a minima nécessaire !

Didier Bazocchi (Vice-président du think tank CRAPS), Sophie Beaupere (Déléguée générale d’Unicancer), Nejma Chami (Heand of global medical affairs Grünenthal groupe), Philippe Denormandie (chirurgien orthopédiste, membre du conseil de la CNSA), Olivier Mariotte (Président de Nile), Vincent Olivier (Président de l’agence Recto Verso), Jean-Paul Ortiz (ancien président de la CSMF), Benoît Péricard (ancien directeur de l’ARH Pays-de-Loire et du CHU de Nancy), Isabelle Riom ( interne en médecine à l’AP-HP, présidente du SRP-IMG), Guy Vallancien (Urologue, membre de l’Académie de médecine).

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