Catégories
INNOVATION

L’entreprise de demain faite sur mesure

Article

INNOVATION, LE MONDE PROFESSIONNEL

L’entreprise de demain faite sur mesure

Les deux choses les plus importantes n’apparaissent pas au bilan de l’entreprise: sa réputation et ses hommes. – Henry Ford

L’entreprise traditionnelle semble de moins en moins attractive pour les nouvelles générations de salariés. Les transformations amenées par les vagues de la digitalisation, des nouvelles technologies de l’information et de la communication modernes ont impacté non seulement le contenu du travail mais aussi l’organisation de l’entreprise et les qualifications requises.

Des nombreux signaux suggèrent que les structures organisationnelles chancellent. Nous sommes dans un cycle économique où les emplois, tels que nous les connaissons, changent rapidement. Dans le même temps, les idéaux de vie professionnelle ne correspondent plus aux précédents. Les attentes, intérêts et priorités ont changé. La nouvelle économie cristallise ces phénomènes avec l’apparition de nouveaux modes de collaboration où privilégier le bien-être, le plaisir, voire le bonheur au travail, est désormais un facteur déterminant de décision d’un candidat. L’économie de la donnée, l’économie du temps réel et la gig economy introduisent des nouvelles règles du jeu tant pour les professionnels que pour les employeurs.

Nous sommes donc dans l’attente de savoir à quoi ressemblera l’entreprise du futur et il y a des raisons de s’inquiéter car il y a au moins trois générations de salariés directement concernées par un risque d’obsolescence professionnelle corollaire à l’évolution des métiers et des compétences, et les inégalités de revenus vont se creuser avec le développement de nouvelles compétences.

La nature changeant du travail

La nature du travail évolue. Celui-ci est devenu dynamique, irrégulier et oppressant. Les évolutions technologiques, les mutations régulières et les usages détournés des outils numériques, sont à l’origine de ces changements. La technologie a permis d’automatiser le travail à une vitesse sans précédent où l’IA, les capteurs et la robotique, prennent chaque fois plus de place. L’avènement implacable d’une culture de temps réel où les collaborateurs sont joignables à tout moment par la messagerie des smart objects, commence à révéler des effets sans point de retour.

Nous observons des changements comportementaux incontestables. Les professionnels du futur sont des profils ultra-connectés, avec une présence d’objets intelligents plus aiguë. Cela les distancie du réel et les plonge dans de nouvelles perceptions virtuelles. Les multiples portails et plateformes mises au service de la communication dissipent les limites entre vie personnelle et professionnelle, mettant en évidence l’irréversible dépendance aux outils numériques. La productivité devient en réalité plus faible. La naissance de smartphones par exemple, a fourni la plus faible amélioration de la productivité de toute l’histoire technologique. La façon dont nous mesurons la productivité est d’ailleurs devenue obsolète.

En parallèle, la façon dont nous gérons nos carrières s’est également transformée. Les parcours professionnels ne se déroulent plus comme avant et les professionnels ne doivent plus dépendre d’une et une seule entreprise pour assurer leur avenir professionnel. De nouveaux modèles apportent des solutions aux centaines de millions d’hommes et de femmes sans emploi. 40% des travailleurs aux Etats Unis sont actuellement indépendants et une majorité grandissante s’appuie sur des plateformes comme Uber.

Changer régulièrement de métier devient la norme. Un professionnel sera au cours de son parcours salarié, intermittent, indépendant, collaborateur, partenaire, partie prenante, leader de projets multiples. Les études révèlent qu’un baby-boomer a recherché un emploi 11,7 fois tandis qu’un millennial changera de travail tous les deux ans voire moins. Petit à petit, le cycle des générations les plus anciennes, étudier, travailler et prendre sa retraite, évolue vers un temps partagé entre travail, apprentissage et loisir tout au long de la vie.

L’organisation du travail

Les entreprises se réinventent et mutent de façon ininterrompue. La plupart d’entre elles cherchent de nouvelles façons d’établir les rapports hiérarchiques à la faveur d’emplois plus dynamiques. Comment vont se nouer les emplois des hommes et des machines ? Quelle est la place des hommes à force de logiciels et de robots plus puissants ?

Les organisations industrielles avaient été conçues dans un monde où les employés étaient la force de production. Les travailleurs étaient évalués sur l’exécution de tâches répétitives. A l’avenir, ils ne feront plus qu’un avec la technologie. La valeur apportée par la force de travail sera donc intrinsèquement humaine et irremplaçable, à savoir la nature de son intelligence (humaine) et sa capacité à piloter la machine. Comme le monde changera en temps réel et en anticipation de calculs prédictifs, les travailleurs changent constamment de tâches de façon synchrone.

La nouvelle entreprise sera l’endroit de ceux et celles qui ont su s’adapter aux nouvelles plateformes du travail. La non maîtrise des technologies ampute l’accès aux opportunités et aux salaires les plus attractifs. L’inégalité des revenus est un des enjeux économiques et sociétaux majeurs.

Le concept d’un travail, dans le cadre que nous connaissons aujourd’hui, avec un titre de poste, un niveau et une description de fonction, commence à disparaître. Par quoi sera-t-il remplacé ? Les personnes sont recherchées pour leurs skills spécifiques le temps d’un projet, et ont un pied dedans, un pied dehors pris par d’autres projets.

L’espace de travail

La communication digitale par exemple, a fait du « travail remote » un lieu commun. Dans le futur nous travaillerons à 100 % avec le cloud computing et les technologies de stockage et de transmission d’informations sans organes de contrôle. Pouvoir travailler partout et en temps réel est une révolution qui renverse les rapports hiérarchiques de l’entreprise, du management et des collaborateurs. La prise de décisions ne se fait plus en haut de l’organigramme, ni même au centre d’une matrice, puisque chaque travailleur est le centre de son propre écosystème fait sur mesure.

Pourtant, l’entreprise est un « méta-écosystème » qui favorise la création des nouveaux liens entre toutes les parties prenantes. Le rôle de l’entreprise du futur est donc : « d’être un environnement ouvert et poreux, un espace augmenté changeant constamment avec l’extérieur. » En tant qu’animateurs d’écosystèmes autour de la nouvelle entreprise, orbitent les collaborateurs, les start-ups, les prestataires et les clients.

L’entreprise du futur est un élément central de la vie des générations futures. Si le travail s’immisce dans la vie privée, la vie privée s’immisce tout autant dans le travail. Dans le futur, la porosité des différents aspects de la vie de l’homme est acceptée de par la création d’interactions positives. Les bureaux sont ouverts pour s’échapper et revenir facilement, au sens propre comme au sens figuré.

La finalité des nouvelles générations professionnelles

Un emploi fixe était par le passé synonyme de stabilité et de sécurité financières. La vie en entreprise représentait le tremplin à la réalisation, à la réputation professionnelle et évidemment le mode d’accès aux réseaux les plus prestigieux. Mais, de quelle réussite parle-t-on? Pour quoi travaillons-nous? Comment le travail s’intègre dans notre vie? Comment progressent nos carrières? Comment restons-nous “à la page” avec nos compétences et nos capacités? Comment le travail nous donne-t-il un sens et un but ? Nous passons 12 % de notre temps, nos aïeux 60% il y a 100 ans !

La mise en réseau a tout changé. L’accès à l’information fait de nous une génération qui ne considère plus de limites. Nous nous sommes habitués à l’instantanéité, à l’immédiat. Les distances et les choix sont à la portée d’un clic. La démocratisation de l’information permet de construire des liens et ainsi des écosystèmes de travail alternatifs. Se connecter avec d’autres, se mettre en lumière, vendre ses services ; nous avons dans le futur les outils pour l’auto-prospection. C’est pour cela que la prestation de services en freelance représente une opportunité pour ceux qui préfèrent l’indépendance et l’entreprenariat malgré le cannibalisme concurrentiel.

J’aurais pu écrire cet article il y a 20 ans pour imaginer ce que serait l’entreprise et le travail en 2018. Car ça y est, on y est ! L’anticipation est devenue réalité. Heureusement que de nouvelles réflexions viennent enrichir le débat sur la RAISON D’ETRE DE L’ENTREPRISE, et le récent discours du nouveau Président du MEDEF, Geoffroy ROUX de BEZIEUX en dit long sur l’ambition des entreprises de jouer un rôle plus fort sur l’organisation de la CITE et ainsi d’assumer pleinement leurs responsabilités vis-à-vis de la société, en contribuant à la construction d’un monde meilleur.

PARTAGEZ CETTE ARTICLE

Laisser un commentaire