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Interview de Vincent David, Fondateur de l’agence RUP

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Vincent David, fondateur de l’agence RUP

Engagé depuis plus de 25 ans dans le monde associatif, Vincent David aime quand les acteurs de la société se rencontrent, s’écoutent et travaillent ensemble. Tout naturellement, l’agence RUP, qu’il a fondée en 2006 au sein de la SCOP COOPANAME, est plus qu’une agence de communication au service de ses clients, elle est aussi impliquée dans les enjeux de notre époque. Il nous parle de cette nouvelle façon d’aborder l’entreprise et les organisations.

Quel a été votre parcours ?

J’ai découvert l’action associative, notamment au sein de la Fage et des Restos du Cœur, lors de mes études de droit à l’Université de Nanterre. Ces années ont été essentielles dans la structuration de mon engagement. Je me suis finalement orienté vers la sociologie, la communication et les sciences politiques, avec un mémoire de DEA sur les ONG comme nouveaux acteurs des relations internationales, et la notion d’opinion publique mondiale.
A ce titre, j’ai fait partie de la délégation des ONG françaises à la COP 5 sur les changements climatiques, à Bonn en 1999. Un temps intéressé par la recherche universitaire, j’ai préféré vivre mes engagements et travailler dans l’associatif.

Après une courte expérience d’assistant parlementaire au Parlement européen, je me suis occupé de la communication et du lobbying des ONG françaises pendant la Présidence française de l’Union Européenne en 2000, en lien avec Coordination SUD, le réseau des 160 principales ONG françaises. Puis, j’ai été en charge de la communication d’Alimenterre créé par le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI) avant de m’occuper, pendant plus de 4 ans, des relations extérieures de l’association Max Havelaar qui a développé le commerce équitable en France.

« J’adore mettre en relation les thématiques, les organisations et les gens qui les incarnent.
J’ai donc eu envie de créer une activité pour accompagner les associations, fondations, acteurs publics et entreprises engagées dans leur communication et leur influence.
L’agence Relations d’utilité publique est née en 2006.
»

Aujourd’hui, nous sommes une douzaine au sein de l’agence et nous couvrons tous les métiers de la communication : stratégie de marque, relations presse, création de campagnes, événementiel, tactiques digitales, graphisme et rédactionnel, influence. Nous intervenons dans tous les secteurs de l’intérêt général : le médico-social, la santé, l’écologie, l’agriculture et l’alimentation durables, la jeunesse et l’éducation, la RSE, la culture, le sport responsable… Pour nos 15 ans, nous avons changé de nom et sommes devenus l’agence RUP, car tout le monde nous appelait ainsi depuis des années !

 

Sur quelles ressources vous appuyez-vous pour faire avancer vos projets ou exercer votre leadership ?

Je n’ai pas créé d’entreprise puisque l’agence est membre de COOPANAME, la plus grande coopérative d’activité et d’emploi de France, une entreprise partagée qui regroupe plus de 600 entrepreneurs salariés. Nous mutualisons notamment les services administratifs et financiers, la trésorerie et la formation. De plus, nous avons imaginé un mode de fonctionnement particulier au sein de l’agence RUP car il n’y a ni dirigeant, ni liens hiérarchiques entre nous, même si un comité de direction de cinq personnes prend les décisions collectivement et au consensus.

« Si j’exerce une forme de leadership au sein de l’agence, ce n’est pas revendiqué et
cela s’explique par mon antériorité et ma façon de faire le lien entre les acteurs.
Je revendique davantage le fait d’être un « connecteur invétéré » ! »

De fait, j’ai cette capacité à rencontrer beaucoup de personnes et à les mettre en lien. C’est d’ailleurs ma façon de développer l’agence sans faire de commercial.

« Dans le monde des agences de communication, nous faisons clairement figure d’OVNI. »

Étant en SCOP, nous avons un rapport très différent à l’argent.

En effet, nous ne pouvons pas vendre l’agence puisqu’elle ne nous appartient pas. Cela modère l’hubris qui peut atteindre certains dirigeant·es, et nous pousse à innover en termes de gouvernance et de management. Nous sommes à des années lumières du modèle classique de l’agence de communication avec un·e fondateur.trice, des salarié·es et une armée de stagiaires.

L’agence a fait preuve d’une grande résilience pendant la crise sanitaire. Il faut dire que nous avons l’habitude de « voyager léger », grâce au télétravail, que nous pratiquons depuis toujours du fait de nos choix de vie individuels, des coûts de bureaux faibles et des salaires très raisonnables. En tant que salarié·es de COOPANAME, nous avons bénéficié d’une partie de chômage partiel, puis l’activité est repartie très fort en juin 2020. Tant et si bien que 2020 a presque été notre meilleure année. Et cet été, nous avons déjà atteint nos objectifs pour 2021.

 

Quels sont vos projets et vos défis actuels ?

Dans la mesure où nous avons acquis une expertise de 20 ans sur les sujets sociaux et environnementaux, nous sommes très attentifs à la communication greenwashing et aux agences qui surfent sur la vague responsable.

Ainsi récemment, Arnaud Leroy, PDG de l’Ademe, et Agathe Bousquet, présidente de Publicis en France, ont remis au gouvernement un rapport sur les bonnes pratiques dans la publicité dans le cadre du projet de loi « Climat et résilience ». Mais je me méfie des acteurs de la communication dont le métier est de faire passer des vessies pour des lanternes.
En l’occurrence, le secteur de la publicité recherche au pire le statu quo, au mieux l’autorégulation. Or, cela ne suffit pas. C’est pourquoi nous signons régulièrement, avec d’autres, des tribunes en faveur de mesures plus contraignantes, par exemple, pour les produits agroalimentaires destinés aux enfants sur lesquels la France est très en retard.

Cela dit, nous sommes très favorables au mouvement émergeant de jeunes communicants ayant pris conscience de la crise écologique et qui ne veulent plus faire de « la réclame à la papa » comme dans les années 80.

«  Pendant 15 ans, l’agence RUP a essentiellement accompagné des associations et des fondations, qui agissent comme des aiguillons dans la société. Désormais, nous souhaitons aussi mettre la communication au service des entreprises et des acteurs publics qui veulent construire une société plus juste et résiliente. »

C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, nous avons envie d’accompagner ces derniers dans cette mutation, tout en continuant à créer des passerelles entre les acteurs publics, privés et associatifs, notre ADN depuis toujours.

 

Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes et futurs leaders de l’innovation ?

Face au problème d’accès à l’emploi des jeunes, il faudrait que les structures employeuses fassent plus confiance aux jeunes diplômés qui, par définition, n’ont pas encore d’expérience professionnelle.

« Dans un monde en mutation sur les sujets environnementaux, sociaux et sociétaux,
les expériences associatives, le bénévolat ou les années de césure à l’étranger
apportent autre chose et donnent une capacité d’adaptation et d’innovation.
J’espère qu’elles seront davantage valorisées à l’avenir. »

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