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Philharmonie de Paris : La musique et le mécénat comme moteurs d’un monde plus harmonieux

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Philharmonie de Paris : La musique et le mécénat comme moteurs d’un monde plus harmonieux

À l’heure où la culture se cherche un modèle économique pérenne quand le politique a déserté le champ culturel, la Philharmonie de Paris trace un chemin original. Derrière ses 450 concerts annuels, son musée rénové, ses orchestres de jeunes et ses programmes éducatifs, se dessine une vision assumée : faire de la musique un levier de transformation sociale. Rencontre avec Constance Lombard, directrice du mécénat de l’établissement.

Constance Lombard, une stratège au service du sens 

Diplômée de Sciences Po Paris et d’HEC, Constance Lombard a façonné son parcours dans les plus prestigieuses institutions culturelles françaises : le Louvre, les musées de la Ville de Paris, puis le Grand Palais. Depuis 2024, elle est directrice du mécénat et du développement de la Philharmonie de Paris, où elle met son expertise au service d’un projet culturel à fort impact sociétal. Engagée, rigoureuse et inspirée, elle incarne une génération de professionnelles pour qui la culture est un levier d’émancipation et un bien commun à défendre avec méthode et passion. 

Le mécénat, clef de voûte d’un modèle mixte 

Constance Lombard connaît bien les enjeux du financement culturel. Après des années de mobilisation au Louvre pour le département des Arts de l’Islam ou encore le Louvre-Lens, elle rejoint la Philharmonie avec une conviction intacte : le mécénat n’est pas un luxe, mais une nécessité. 

« Le budget annuel de la Philharmonie avoisine les 100 millions d’euros. Sans le soutien des entreprises, des fondations et des particuliers philanthropes, nombre de nos projets structurants seraient tout simplement irréalisables », explique-t-elle. 

L’illustre très bien le programme DEMOS, dispositif de transmission musicale à destination des enfants des quartiers populaires, dont un tiers des financements provient de mécènes. Un autre tiers est apporté par les collectivités, et un dernier par l’État. Un équilibre qu’elle juge vertueux : « L’État impulse, les mécènes amplifient, les territoires relaient. » 

Mais il ne suffit pas de le décréter, le fundraising est une démarche qui nécessite conviction et stratégie ! 

Le métier du fundraising ou de la levée de fonds dans le champ culturel est aujourd’hui une fonction stratégique incontournable. À la croisée du marketing, de la diplomatie institutionnelle et de l’engagement philanthropique, il consiste à mobiliser des ressources financières privées pour soutenir l’intérêt général. Cela suppose de raconter une vision, de construire une relation durable avec les donateurs, et de démontrer l’impact concret de chaque contribution. C’est un métier exigeant, souvent discret, mais devenu central dans l’avenir des projets culturels ambitieux. 

Une culture ancrée dans le réel et tournée vers l’avenir 

Mais au-delà de l’équation budgétaire, c’est une approche engagée de la culture que porte la Philharmonie. « Ici, la musique n’est pas une fin en soi. Elle est un outil de cohésion, d’émancipation, d’ouverture à l’autre », affirme-t-elle. 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 10 000 participants aux orchestres d’enfants Démos et 750 000 participants aux actions éducatives chaque année. Et des effets mesurables. Une étude sociologique récente a montré que les jeunes accompagnés depuis 2013 par la Philharmonie connaissent des trajectoires scolaires et sociales significativement meilleures. 

C’est cette efficacité sociale que viennent souvent chercher les mécènes. « Ils veulent voir leur impact. Et la Philharmonie le leur prouve, études à l’appui. » 

Démocratiser avec le même niveau d’exigences pour toutes les musiques et tous les publics 

Classique, jazz, rap, musiques du monde… la Philharmonie casse les codes. Elle décloisonne. « Nos ateliers invitent autant à danser qu’à jouer d’un instrument. On apprend la musique en groupe, par le plaisir et le corps, pas dans l’élitisme », défend Constance Lombard. 

Même approche au musée, où le oud dialogue avec le luth, l’électronique avec le baroque. Le message est clair : aucune culture n’est plus légitime qu’une autre. 

Une ambition : contribuer à un monde nouveau 

À l’heure où l’inclusion, la santé mentale et l’écologie sont devenues des priorités sociétales, la Philharmonie de Paris répond par l’action. Réduire son impact carbone, intégrer les familles, transformer des vies par la musique, tout cela fait partie de son ADN. 

Mais cette ambition va plus loin. La musique, par sa nature même, enrichit, apaise et élève les consciences : elle stimule les circuits de la récompense dans le cerveau, libère de la dopamine, favorise la concentration, le langage et la mémoire tout en réduisant le stress. Elle agit comme une langue commune, une expérience collective de l’émotion. En ce sens, elle est un formidable levier d’apaisement et de transformation intérieure qui donne à chacun la possibilité de mieux se connaître, et aux sociétés de mieux se comprendre. C’est précisément cette dimension transformatrice, humaniste et sensible que la Philharmonie cherche à activer. 

Constance Lombard en est convaincue : la philanthropie est essentielle, mais elle ne peut, ni ne doit, se substituer à l’action publique. Elle s’inscrit dans une dynamique triangulaire vertueuse entre sphère publique, monde économique et société civile. Or, en France, cette interface reste encore fragile, marquée par une historicité de séparation entre l’intérêt général et la logique marchande. 

Pourtant, c’est dans la porosité féconde entre les valeurs du service public et les méthodes issues du monde de l’entreprise que se construit un modèle culturel durable. Un modèle hybride, souple, exigeant, à l’image de la Philharmonie de Paris : institution publique, pilotée avec agilité, mais nourrie par la confiance des mécènes. À ce titre, elle incarne un archétype moderne de coopération intersectorielle, où le mécénat devient un pont, un catalyseur, un levier de progrès. Vive la musique ! Vive le mécénat ! Merci Constance.

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